Le massacre de la rue d'Isly : le grand silence

Le 26 mars 1962, une semaine seulement après la signature des accords d’Evian, des centaines de citoyens français tombent sous les balles de soldats français rue d’Isly. En quelques minutes. Le temps d’une tuerie qui reste un fait traumatisant de la guerre d’Algérie. Le massacre de la rue d’Isly marque vraiment le début de l’exode massif des pieds-noirs… et le déclin inéluctable de l’OAS. A l’époque, les faits provoquent une émotion immédiate, tant en Algérie qu’en France : l’armée est stigmatisée, la population européenne, elle, est traumatisée. Pourtant, il semblerait qu’aucune commission d’enquête officielle n’ait jamais été créée pour éclaircir les faits et les responsabilités dans ce drame. Et aujourd’hui, pratiquement 45 ans après, cette tuerie qui porte très pudiquement le nom de « fusillade de la rue d’Isly » n’est presque plus qu’entourée d’oubli, de silence, de rumeurs, de contre-vérités et de non-dits. Pourquoi et comment un tel massacre a-t-il pu arriver ? Dans quel contexte s’inscrit-il ? Quelle « mécanique » a pu conduire à ce que certains observateurs ont estimé d'inéluctable ? En partant des archives filmées et sonores de la « fusillade », il s’agit de raconter cette histoire, d’éclaircir ses zones d’ombre, d’essayer de pointer les responsabilités voire les manipulations, des « deux côtés ». Et de révéler également un deuil toujours interdit pour ces milliers de familles qui ont eu un des leurs tué ou blessé par l’armée de leur propre pays.
Autopsie d’un massacre ?  Pas seulement. Le film s’appuiera également sur les portraits et les témoignages de ceux, soldats comme victimes, qui doivent vivre avec l’insupportable : déni de justice, déni de mémoire, se taire. Ne pas vraiment savoir…